Entraide psy
Quand on ne va pas bien, c’est d’abord auprès des proches que l’on cherche un soutien, une entraide psychologique, une écoute, des conseils, des repères.
L’enquête de Solidaris sur le moral des belges a montré que les personnes qui traversent une étape psychologiquement difficile ne savent pas toujours à qui s’adresser. Beaucoup ne consultent pas par peur de tomber sur un charlatan, que ce ne soit trop cher, que cela dure trop longtemps ou que cela ne soit pas efficace… D’autres estiment qu’ils ne sont pas malades… Et ils ont raison. Ils se confient donc à leurs proches.
Comment aidez-vous ceux qui se confient à vous?
Sur base de quels critères, de quelles croyances fondez-vous vos jugements? Les laissez-vous vous répéter continuellement les mêmes plaintes au nom de l’écoute bienveillante? Jouez-vous au psy en vous efforçant de ne dire que des “Mmmm” d’encouragement?
Comment réagir quand un de nos proches partage ses souffrances, ses difficultés, ses doutes? Sommes-nous bien informés à ce propos?
Les nombreuses informations diffusées dans les médias concernant nos difficultés psychologiques passagères sont souvent contradictoires. Certaines sont même tout à fait fausses, voire dangereuses. Elles entretiennent ainsi une vision de l’homme tout à fait inhumaine et inaccessible! Elles encouragent à des interprétations et à des liens avec les événements de l’enfance qui augmentent le sentiment d’impuissance et d’incompétence de la personne en souffrance. Si, croyant bien faire, nous relayons ces informations, nous allons contribuer à l’expansion de la dépression! Et nous pouvons augmenter le mal-être de nos proches, notamment de notre conjoint ou de nos enfants.
Pour aider efficacement nos proches sur le chemin de la vie, nous devons avoir des repères clairs, réalistes, positifs et profondément humain à propos du bonheur, de la vie et de son sens!
L’idée géniale de Vikram Patel
Passionnée par la question de l’efficacité et la volonté d’aider un maximum de personnes à retrouver le plus rapidement et le plus définitivement possible un pouvoir sur leur vie, j’ai été particulièrement touchée par le témoignage de Vikram Patel, psychiatre indou.
En tant que fondatrice de Réfl’Actions et de PsyEfficace, ce témoignage m’encourage à poursuivre dans la voie que j’ai choisie: mettre à la portée de tous les informations qui permettent de soulager efficacement les souffrances psychologiques. N’hésitez pas à me partager vos réflexions.
Le constat de Vikram Patel?
Vikram Patel, auteur de « Where there is no psychiatrist », est un leader du mouvement pour la santé mentale regroupant des professionnels de la santé mentale (www.globalmentalhealth.org) mais aussi des citoyens « ordinaires ».
Après avoir étudié la psychiatrie en Angleterre, il exerce au Zimbabwe et en Inde. Confronté au manque de moyens, il constate ce qui suit, qui est étrangement semblable à ce que nous pouvons constater chez nous!
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Les maladies mentales sont parmi les principales causes de handicap dans le monde entier. 500 millions de personnes souffrent d’une maladie allant de l’autisme et la déficience intellectuelle dans l’enfance, en passant par la dépression et l’anxiété, l’abus de substance et la psychose à l’âge adulte, jusqu’aux maladies liées à la vieillesse.
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La dépression est la troisième cause d’invalidité.
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Les maladies mentales représentent 15% de la charge mondiale totale des maladies.
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Nous avons tous au moins une personne qui est atteinte d’une maladie mentale dans nos réseaux sociaux plus intimes.
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La majorité des personnes atteintes ne reçoivent aucun soin alors que nous avons des preuves scientifiques qu’il existe des interventions psychologiques, sociales et nutritionnelles qui peuvent apporter un réel changement.
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Les personnes atteintes sont honteuses, elles s’isolent et cachent leur souffrance. Même dans nos régions, beaucoup n’osent pas consulter.
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Les personnes qui souffrent de maladie mentale ne reçoivent pas toujours les soins auxquels elles auraient droits pour des maladies physiques.
Sa mission et la nôtre
Vikram Patel s’est donné pour mission de transformer la vie des personnes souffrant psychologiquement. Il cherche à combler le fossé entre les connaissances scientifiques que nous avons et qui peuvent transformer des vies et ce qui se passe dans la vie de tous les jours.
Confronté à une pénurie de professionnels sur le terrain, il découvre un livre qui explique comment former des personnes des communautés pour qu’elles soient capables de donner les premiers soins : aider à l’accouchement, diagnostiquer et traiter une pneumonie efficacement…. Son idée: étendre cette méthode aux maladies mentales.
Sous son impulsion, des expériences ont été menées pour soigner la dépression, la plus courante de toutes les maladies. Les résultats obtenus sont très encourageants. Dans certains groupes, on atteint jusqu’à 90% de récupération pour les personnes traitées, contre 40% pour celles qui ne le sont pas. Certains expérimentateurs ont observé que les conseillers locaux formés aux interventions psychosociales obtiennent parfois de meilleurs résultats que les centres de santé.
Conditions pour une entraide efficace
De ces expériences, Vikram Patel tire la conclusion que, pour que le travail soit efficace
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Le message utilisé doit être simple, dépouillé de tout jargon, découpé en petits modules,
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Les soins doivent être fournis près de là où les gens vivent,
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Il faut faire appel à toutes les personnes ressources des communautés,
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Des spécialistes forment et supervisent les conseillers locaux.
Selon Vikral Patel, cette méthode, qui a vu le jour dans un contexte où il n’y avait pas assez de ressources, peut aussi être utilisée dans nos pays développés.
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Pour diminuer le prix des soins de santé
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Parce que de nombreuses personnes n’osent pas encore consulter
Je suis tout à fait d’accord avec cette idée, et j’ajouterai personnellement une troisième raison:
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Et surtout, parce que cela se fait déjà de façon tout à fait informelle, et souvent très maladroite. Beaucoup de personnes croient pouvoir aider leurs proches en formulant des interprétations « sauvages », en créant des liens inutiles avec leur passé… bref, en imitant des techniques (très médiatisées, entre autre par Hollywood et dans les séries et téléfilms) qui n’ont aucun fondement scientifique valable et qui, le plus souvent, sèment plus de confusion qu’autre chose quand elles ne sont pas violentes psychologiquement.
Concrètement
Comme Vikral Patel, je suis convaincue que diffuser des informations et des outils plus fiables permet aux personnes de mieux prendre soin d’elles-mêmes et de leurs proches. C’est pourquoi, j’alimente le blog de ce site, celui de Réfl’Actions. Ensemble, nous pouvons diffuser des idées qui font reculer la dépression, les angoisses….
Je vous propose aussi de réunir les personnes intéressées par ce projet autour de thèmes qui leur tiennent à coeur.
Intéressé? Faites-vous connaître, même si ce n’est pas encore très clair! On se rencontre pour en parler et pour préciser vos idées! En attendant, voici quelques pistes…
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Des cours de psychologie pratique: Comment aider ses proches?
- Se réunir pour partager les informations les plus récentes sur un problème qui touche tout le monde: le stress au travail, les difficultés avec les ados, le harcèlement…
- Proposer des formations à des groupes d’adolescents pour leur donner les outils dont ils ont besoin pour prendre leur vie en main
- Un groupe de réflexion pour les papas, les mamans…
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N’hésitez pas à me contacter si vous avez des idées ou des demandes!
0486 23 21 11
Si vous voulez écouter la conférence qui a inspiré cet article (c’est en anglais sous-titré en français):